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jeudi 29 septembre 2011

Rendons à César ce qui est à César...

En France dernièrement, la théorie du genre est devenue polémique et sujet de débats dans le petit monde catholique. Ce ne serait pas une théorie mais une véritable idéologie cherchant à transformer la société de fond en comble... Pour rendre à César ce qui est à César et peut-être mieux mesurer ce qui risque bien de n'apparaître d'ici quelques années qu'avoir été "tempête dans un verre d'eau", pour cité la conclusion d'un billet sur le sujet d'un ami sur son blog, je voudrais renvoyer ici à une table ronde mise en ligne sur le site Fabula de recherches en littérature. Repris d'un ouvrage sur les oubliées des études littéraires consacrées au XIXe siècle publié dans les Classiques Garnier en août 2010, cette table ronde fait le point sur la complexité de cette théorie et de ses usages. On y voit bien notamment comment la notion est d'abord médicale dans les années 1970 pour rendre compte du transexualisme, avant de servir une critique des diktats de la psychanalyse par Judith Butler au début des années 1990 - objet de toutes les polémiques aujourd'hui -, mais surtout on ne s'en tient pas là et l'on voit bien qu'une théorie critique ... est aussi critiquée et permet, ou ne permet pas, de penser certaines questions dans certains contextes alors qu'ailleurs elle tombe à plat.
Que retirer de tout cela ? quelles questions en tirer ? Mis à part le fait qu'une fois de plus, je ne suis pas sûr que l'Église catholique sorte grandit de cette construction "idéologique" proposée au départ, s'il m'en souvient bien, par quelque obscur prélat et reprise par beaucoup trop de monde à mon goût, on peut se poser de vrais questions : que se passe-t-il lorsqu'un concept passe de la théorie à la "politique" éducative - "politique" au sens de policy anglo-saxonne ? Comment faire pour que le questionnement reste premier ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit : trouver des concepts qui libèrent la pensée, y compris des plus jeunes. Souvent l'on me demande, Chrétien vivant en Israël, quel éthique j'enseigne dans mes cours - et je réponds en souriant qu'il s'agit d'abord de montrer que des questions se posent aujourd'hui, mais peut-être que tout le monde n'est pas d'accord avec cette vision de l'éducation...

Proche de ce débat même s'il ne le recoupe pas entièrement, j'ai lu récemment le discours du Pape Benoît XVI au Bündestag. Il y insiste sur le concept de droit "naturel", s'étonnant du mauvais accueil que l'on fait à cette notion alors qu'il y voit intelligence d'une tradition qui "seule" (?) des grandes religions n'a pas produit de "droit révélé". Bien sûr, si l'on s'en tient au concept traditionnelle de nature - qui est la vocation divine de l'homme, il s'agit d'un concept au potentiel critique appréciable, mais comment ne pas prendre en compte le fait que la réception de nos jours d'un tel concept - ce que nos contemporains entendent lorsqu'on leur parle de nature - c'est d'abord et avant tout ce que l'entreprise scientifique nous dévoile de l'homme... Le professeur Ratzinger le soutenait lui-même au moment du Concile (cf. son livre récemment traduit en français - Mon Concile Vatican II) lorsqu'il se réjouissait que l'on aborde les choses en parlant de "Mystère de l'Église" plutôt que de "Nature de l'Église", inaudible aujourd'hui.
Pourquoi ne pas déployer sur toutes ces questions de la famille, de la sexualité, la métaphore du "mystère" plus que celui de "nature" ?

mercredi 6 octobre 2010

Fraise ou chocolat?

Avant hier Arte avait programmé la diffusion de Fraise et chocolat, un film cubain de Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio sorti en décembre 1993, ours d'argent à Berlin l'année suivante. Je n'avais pas vu le film à sa sortie, hier il était en version française malheureusement peu fascinante.
Par contre j'ai été pris par le film, même son aspect un peu désuet, ses lumières de vieilles photos jaunies.


La situation: David, un jeune étudiant qui se retrouve à l'Université alors qu'il vient d'un milieu paysan et en tient une reconnaissance qui semble infinie au régime. Idéaliste, il ne veut pas brusquer son amoureuse et se dit prêt à attendre le soir de leurs noces. Résultat, il l'a perd, elle préfère quelqu'un qui va lui permettre de quitter l'île et lui offre une sécurité financière. Alors qu'il traine dans les rues de La Havanne, il est repéré par Diego, un artiste homosexuel qui le drague ouvertement. David se rebiffe mais est attiré cependant par les possibilités culturelles que lui propose David. "Il a des livres que l'on ne trouve nulle part," confie-t-il plus tard à son compagnon de chambre. Ce dernier l'encourage à espioner cet ennemi du régime et c'est ainsi que David va retourner chez Diego et qu'une amitié va s'engager où chacun des protagonistes trouvera son compte en tout bien tout honneur. Diego fait notamment découvrir à David, les splendeurs de l'antique Havanne sous les façades menaçant ruines et l'introduit à une culture cubaine insoupçonnée par le jeune étudiant.
Une belle réflexion sur l'intolérance, l'homophobie bien sûr (Diego n'est pas sans rappeler la figure de l'écrivain Reinaldo Arenas, mort en exil quelques années plus tôt), mais aussi le rapport homo-hétéro et puis certains des travers du régime cubain, comme les dénonciations, le marché noir, etc, mais qui en laisse d'autres dans l'ombre, comme les camps de redressement. Le récit autobiographique de Reinaldo Arenas, Avant que la nuit tombe, qui a été porté à l'écran par Julian Schnabel est en ce sens plus juste. Mais le film d'Alea et Tabio tient aussi par le fait qu'il vient de Cuba, qu'il a passé la censure et qu'il fut un véritable phénomène social sur place....

Pour aller plus loin, voici un lien avec le petit dossier composé par une salle de cinéma d'Art et d'essai de Saint-Etienne.
Et sur allo-ciné la bande annonce en espanol (ne vous laissez pas arrêter par les 15 premières secondes, c'est de la pub inopinée).