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lundi 16 juillet 2012

Trinité

Ce soir deux films dont le thème est un triangle amoureux, ou plutôt des tentatives de triangles matrimoniaux.
Un point commun, dans les deux cas, il s'agit de deux garçons et d'une femme et, autre point commun, la plupart du temps dans les deux cas l'action se situe dans les années 1980.


Le premier - Une maison au bout du monde (2004) - est l'histoire d'une amitié de deux adolescents qui se reforme à l'âge adulte lorsque Bobby vient retrouver son ami Jonathan, gay qui vit à New York et partage son appartement avec Clare. Bobby, qui sort un peu de sa campagne, va se transformer au contact des deux et tomber amoureux de Clare, sans qu'aucun des deux ne veuillent laisser tomber Jonathan. Une enfant naît, ils essayent de se construire une vie à quatre à la campagne, loin de tout. Mais finalement, cela ne tient pas, Clare n'y arrive pas, et pourtant...


L'autre film n'est pas du tout de la même facture: il est espagnol alors que le premier était américain, il se passe sur un temps cours, les années d'études des héros, alors que le premier va et vient entre les années 1960 et 1980. Castillos de carton (2009) est un film qui explore le trio amoureux que forment trois jeunes artistes peintres durant leurs études, et qui d'une façon que j'ai trouvé somme toute assez pudique explore les difficultés de la relation sexuelle. Un beau jeune homme sensible qui ne parvient pas à finir, un noireaud sûr de lui et toujours prêt à fonctionner et une jeune femme qui fait 'comme si' pour satisfaire son monde mais n'y trouve pas vraiment son compte. Finalement, tout trois vont découvrir à quel point ils ont besoin les uns des autres. Tout cela entrecouper de considérations sur la peinture qui ne manquent pas de sensibilité et puis, comme pour le premier film, c'est un trio qui a finalement bien du mal à résister au passage du temps, c'est-à-dire cette fois à la sortie de la vie de bohème estudiantine et aux premières jalousies d'artistes...




Le premier est basé sur un roman de Michael Cunningham portant le même titre. Le second sur une nouvelle d'Almudena Grandes. De belles adaptations cinématographiques qui donnent à penser sur l'amour, l'amitié, et la famille que l'on essaye de se créer. Mais comment la Trinité fait elle pour durer si longtemps?

mercredi 6 octobre 2010

Fraise ou chocolat?

Avant hier Arte avait programmé la diffusion de Fraise et chocolat, un film cubain de Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio sorti en décembre 1993, ours d'argent à Berlin l'année suivante. Je n'avais pas vu le film à sa sortie, hier il était en version française malheureusement peu fascinante.
Par contre j'ai été pris par le film, même son aspect un peu désuet, ses lumières de vieilles photos jaunies.


La situation: David, un jeune étudiant qui se retrouve à l'Université alors qu'il vient d'un milieu paysan et en tient une reconnaissance qui semble infinie au régime. Idéaliste, il ne veut pas brusquer son amoureuse et se dit prêt à attendre le soir de leurs noces. Résultat, il l'a perd, elle préfère quelqu'un qui va lui permettre de quitter l'île et lui offre une sécurité financière. Alors qu'il traine dans les rues de La Havanne, il est repéré par Diego, un artiste homosexuel qui le drague ouvertement. David se rebiffe mais est attiré cependant par les possibilités culturelles que lui propose David. "Il a des livres que l'on ne trouve nulle part," confie-t-il plus tard à son compagnon de chambre. Ce dernier l'encourage à espioner cet ennemi du régime et c'est ainsi que David va retourner chez Diego et qu'une amitié va s'engager où chacun des protagonistes trouvera son compte en tout bien tout honneur. Diego fait notamment découvrir à David, les splendeurs de l'antique Havanne sous les façades menaçant ruines et l'introduit à une culture cubaine insoupçonnée par le jeune étudiant.
Une belle réflexion sur l'intolérance, l'homophobie bien sûr (Diego n'est pas sans rappeler la figure de l'écrivain Reinaldo Arenas, mort en exil quelques années plus tôt), mais aussi le rapport homo-hétéro et puis certains des travers du régime cubain, comme les dénonciations, le marché noir, etc, mais qui en laisse d'autres dans l'ombre, comme les camps de redressement. Le récit autobiographique de Reinaldo Arenas, Avant que la nuit tombe, qui a été porté à l'écran par Julian Schnabel est en ce sens plus juste. Mais le film d'Alea et Tabio tient aussi par le fait qu'il vient de Cuba, qu'il a passé la censure et qu'il fut un véritable phénomène social sur place....

Pour aller plus loin, voici un lien avec le petit dossier composé par une salle de cinéma d'Art et d'essai de Saint-Etienne.
Et sur allo-ciné la bande annonce en espanol (ne vous laissez pas arrêter par les 15 premières secondes, c'est de la pub inopinée).

jeudi 27 mai 2010

Breakfast with Scot

"Scot, avec un seul 't', s'il vous plait, mais vous avez une très jolie manière de prononcer mon nom de famille - Latour."

C'est ainsi qu'un peu cranement, Scot prend ses marques dans sa nouvelle école après la disparition de sa mère et son recueil par un couple de mecs de Toronto, plutôt rangés. L'un est chiropracteur, l'autre est présentateur de sport à la TV après avoir été longtemps l'une des étoiles de l'équipe de hockey sur glace de la ville ... jusqu'à un accident qui lui valut la rencontre de son ami.







Le petit-déjeuner avec Scot, ou comment un couple de gays à la vie bien tranquille se retrouve perturbée par l'irruption d'un enfant de 11 ans pour le moins différent des autres. "Félicitations, vous êtes papas," leur dit l'assistante sociale pour les encourager à accepter la garde de l'enfant le temps que le tuteur légal réapparaisse.

En fait, outre Scot, le héros du film, c'est ce couple gay (Tom Cavanagh/Éric et Ben Shekman/Sam) qui va petit à petit s'ouvrir à la paternité et notamment Eric, l'ancienne étoile sportive, le plus dans le placard de tous "pour raison professionnelle," bien entendu ! De tous, c'est lui qui capte le plus vite les besoins réels de l'enfant et qui tout en répétant que ce n'est pas son problème puisque Billy, le frère de son ami, a été officiellement nommé tuteur et doit venir le chercher d'un moment à l'autre. C'est lui aussi qui lui enseigne comment se défendre dans la vie, comment penser juste par rapport à ce qu'il est; bref, comment vivre heureusement sa différence.

Voilà un film léger, plein d'humour et d'amour mais qui nous en montre pas mal sur ce que devenir père veut dire.
Le film (Laurie Lynd, Canada 2007) est basé sur une nouvelle de Michael Downing (1999), qui enseigne la "creative writting" à Tufts University et vit avec son ami à Cambridge, Massachussetts.

lundi 10 décembre 2007

USA, "The Beautiful Country"?




Plus de deux mois que je n'ai pas écrit. Hier soir, un film tourné par un Norvégien, Hans Petter Moland, avec la majorité des dialogues en Vietnamien et sous-titré en Hébreu. Vous l'aurez compris, si je prends la plume, c'est parce que ce film m'a conquis au-delà des mots!



Un jeune vietnamien, la vingtaine, quitte son village pour retrouver sa mère à Saïgon. Son trésor, une photo où, bébé dans les bras de sa mère, ils sont tous deux avec son père devant un salon de coiffure. Il retrouve ce salon et on lui indique une adresse où vivrait sa mère. Alors avec lui on plonge dans la misère des quartiers pauvres de Saïgon. C'est finalement son demi-frère, petit bout de choux haut comme trois pommes relié à une vielle personne assise à même le sol par une ficelle, qui va le reconnaître. La nuit venue, il retrouve sa mère.



De la photo-trèsor aux bribes de conversation avec sa mère - on est en Asie, beaucoup se passe dans l'intonation, les gestes, sans mot - on comprend que Binh, c'est son nom, est de père américain. A d'autres gestes, réactions de personne qui ne le connaissent pas, on comprend que c'est quelque chose qu'il doit cacher et qu'il vit mal. Un jour, c'est la catastrophe, il doit fuir, sa mère lui donne toutes ses économies, son certificat de marriage et son demi-frère avec pour mission d'aller retrouver son père aux USA. Seule adresse : Houston, Texas.


C'est ce parcours des "boat people" que l'on va vivre avec eux. Le sampan, le camp de réfugié/camp de travail-prison en Malaisie, la rencontre de la belle Ling. Binh (Damien Nguyen, un acteur inconnu jusque là) est tranquille, attentif aux autres, à commencer par son petit frère mais pas seulement. Son visage marqué cache un coeur d'or. Ling le voit et s'attache à ces deux frères. Binh souffre des transformations nocturnes de Ling qui a vite pigé que pour sortir de là, il faut beaucoup d'argent. A la faveur d'une émeute, pourtant ils s'échapperont tous les trois pour retrouver un bateau que l'on qualifierait volontier de bateau négrier faisant route vers les USA moyennant finance et esclavage à l'arrivée. Beaucoup meurt. Le petit Tam aussi. A l'arrivée, c'est l'esclavage d'un Chinatown dont on peut penser qu'il s'agit de New York même si la logique voudrait que ce soit quelque part en Californie. Binh comprend que Ling à d'autres rêves que lui, lorsqu'un jour il découvre que ce qu'il croyait être son malheur - le fait d'être métisse, lui ouvre les portes de l'Amérique.


Il est libre et fait route vers le sud pour retrouver son père, Steve (Nick Nolte) qui vit miséreux dans une caravane, employé dans un ranch plus par charité que pour son efficacité car Steve est aveugle. Et c'est sur la rencontre entre ce père et ce fils que le film s'avance... A nouveau sans beaucoup de mots, mais une tendresse rare. Je n'ai pas trouvé de photos de cet instant où Nick Nolte pige que c'est son fils qui lui a préparé un repas de ce pays tant aimé dont il a été arraché par l'explosion d'une bombe et où, par ses doigts, il explore son visage... mais j'ai rarement vécu quelque chose d'aussi magnifique au cinéma. Peut-être cette photo de la production vous dira quelque chose...

Pour ceux qui savent l'anglais, cette recension sur un site de spiritualité.

jeudi 4 octobre 2007

Deux films

Dans les films vus récemment: Ethan Mao de Quentin Lee (2004) et Love! Valour! Compassion! de Joe Mantello (1997)

Disons-le j'avais un peu peur de voir Ethan Mao (L'enfer d'Ethan, en français) parce que les présentations que j'en avais lu mentionaient drogue, prostitution... et que parfois j'ai envie de voir des films pour me faire du bien et non pour me prendre la tête. Mais bon, j'aime aussi élargir mes horizons, alors... alors, c'est un coup de coeur! Voilà un film qui vous tient en suspens comme un bon thriller et qui dit des choses d'une force impressionante. Un jeune "asian-american" est jeté à la rue par son père lorsqu'il découvre l'homosexualité de son fils... lequel va connaître la prostitution et la drogue... (loin de nous? pas tant que cela pour ceux qui ont regardé l'émission d'Antenne 2 l'autre soir) ... et l'amitié (l'amour) d'un autre jeune de la rue Remigio. Ce qui m'impressionne entre ces deux-là, plus encore peut-être que dans Trick (1999), c'est la force tout en délicatesse de leur amour - pas de scènes de cul mais des moments d'intimité d'une force incroyable. Dans Trick, c'était les circonstances extérieures qui empêchaient les deux, à leur corps défendant, de se retrouver dans le même lit, là c'est l'état psychologique de l'un des deux. Ethan (Jun Hee Lee) est traumatisé par son expérience de prostitué et Remigio attend, ne veut rien forcer, est là pour lui, simplement. Alors bien sûr il y a de l'invraisemblable dans ce film - les deux vont prendre en otages la famille d'Ethan, mais pour des raisons d'une incroyable simplicité. Ethan veut récupérer un collier, la seule chose qui lui reste de sa mère morte quelques années auparavant et que son père à offert à sa nouvelle femme. Et l'on entre dans l'intimité d'une famille recomposée: un père émigré rigide qui veut élever ses enfants dans le droit chemin (on prie dans cette famille!) mais ne voit pas les besoins affectifs de ses enfants, une belle-mère qui n'a d'yeux que pour SON fils à elle, Yosh, qui en profite pour jouer les petits kaïds par rapport aux deux autres, Ethan et Noël, le petit dernier. Dans les bonus du DVD que j'avais, il y a une longue interview d'une prof de Berkeley, ou San Diego qui "déconstruit" le film... c'est intéressant comme toujours mais pour moi elle oublie cette dimension essentielle du film, l'intimité d'une famille recomposée. La bande annonce française est visible chez cinema.com. Sur le site officiel, allez voir les superbes photos commentées du deskstop book.



Dans Love, Valour, Compassion (1997) de Joe Mantello, c'est autre chose qui m'a touché, c'est le jeu d'un gay aveugle, tout est dans le touché, dans la confiance en son compagnon. L'histoire: huit copains se retrouvent trois fois au cours d'un été chez deux d'entre eux, un chorégraphe, ancien danceur étoile et son ami, aveugle. Il y a là des tas de "types", en commun, le sida qui fait rage. Ils vont finir par monter un spectacle style sidaction. Mais là n'est pas le noeud du film. Pour moi, il est dans l'analyse des personnages et de leurs relations, notamment celle qui va se développer entre cet aveugle et un jeune danseur, beau gosse, qui le sait et en joue mais qui est comme fasciné par la sensualité de ce gay aveugle. Méditation sur la fidélité, bien sûr, mais aussi sur la relation à la personne handicapée, etc. Je n'ai pas aimé tout, mais des moments magnifiques.

mardi 4 septembre 2007

De quelques lectures...


De retour de vacances, un premier post sur mes lectures.

Parfois, je lis de proche en proche. Ainsi, cet été j'ai avisé un livre d'Hector Bianciotti dans un panier de solde. Or, j'avais noté il y a quelques mois la sortie des Lettres à un ami prêtre, du même auteur et de Benoît Lobet. J'étais dans un aéroport, trop chargé comme toujours, je n'avais pas acheté bien que je me suis toujours senti spirituellement très proche de Benoît Lobet... Ami d'un ami, autrefois, lorsque je vivais en communauté en France, il était séminariste et faisait partie du mouvement des focolarini, cet ami avait écrit une chanson après leur rencontre: "Tu cours après un rêve et tu oublies d'aimer, lorsque la nuit s'achève tu es désabusé... cours plutôt, à la vie mon ami, cours plutôt..." Et puis, quelques années plus tard, il avait publié un essai sur Marie Noël, qui est ... le poête de ma table de chevet: "Mon Dieu, je ne vous aime pas", Foi et spiritualité chez Marie Noël. Essai que j'avais énormément apprécié, dans lequel il se livre beaucoup.

Bianciotti, j'en ai entendu parlé la première fois par celui que j'appelle "mon évêque". C'était au moment du Goncourt, mais je ne l'avais jamais lu. Et puis voilà, ce sont les vacances, je flane dans la rue et je fouine comme toujours les bouquinistes et je tombe sur Ce que la nuit raconte au jour dans une ancienne édition brochée pour un ou deux euros, c'est l'occasion, j'achète cette fois.

Récit autobiographique sur l'Argentine natale de l'auteur, je suis surpris par la qualité de l'écriture. Pourtant je me sens aussi quelque peu agacé par une sorte de sensualité ambigue qui me rappelle les récits autobiographiques de Julien Green. Et puis un détail m'intéresse: le récit de cette "amitié particulière" alors que l'auteur était au petit séminaire avec un gaçon plus âgé que lui qui, en tant que "philosophe", avait droit à entretenir ce type de relation avec un protégé... et c'est bien cela qui m'intéresse: voici dans un cadre formel la possibilité d'une relation instituée. Jusque là, j'en étais à ces moines de la Thébaïde qui "habitaient la même cellule", mais là c'est tout près - chez les franciscains en Amérique du Sud au début du XXème siècle. Pour l'histoire, l'auteur, alors âgé de 14 ans, propose à son ami "philosophe" de sortir du cadre pour vivre leur amour mais celui-ci à un autre plan, resté à l'intérieur et poursuivre leur relation. Finalement, quelques années plus tard, l'auteur sortira bien, seul, et ce n'est qu'après sa mort, qu'il apprendra que son ami l'a suivi hors de l'ordre beaucoup plus tard...


Sur ce, je commande ces Lettres à un ami prêtre qui m'avait intrigué. Passionant, je lis en une nuit, les lettres d'abord, la préface ensuite. Et je trouve, entre autres, ... la genèse de "Mon Dieu, je ne vous aime pas". Magnifique! Du coup je me replonge dans l'essai de Benoît Lobet et dans Marie Noël par la même occasion qui traine sur l'étagère de la chambre à portée de main.

Marie Noël, c'est une langue magnifique, joyeuse et langoureuse à la fois. Et puis ce sont ces Notes intimes dans lesquelles se font jour la nuit de l'âme, les doutes de cette femme qui interpelle Dieu, du fond de sa nuit, de son "abîme", comme l'appelle Benoît Lobet. Et Benoît raconte, sa propre nuit, ses propres questions, au séminaire d'abord ou il découvrit Marie Noël et dans sa vie de prêtre ensuite devant la mort, l'amour, la maladie. Les années sida aussi, avec son lot de solidarités bouleversantes et devant lesquelles se taisent les langues méchantes. Tout cela éclaire des pans de ma vie. Me réconcilie avec moi-même et avec Dieu - je n'ose écrire et avec l'Eglise, mais si bien sûr, celle de mes frères, cette assemblée de pécheurs. Benoît est prof de morale dans un institut supérieur de théologie.. je vais essayer de voir comment il tourne cette expérience spirituelle en théologie, cela pourrait s'avérer intéressant.

vendredi 6 avril 2007

Homo domesticus et autres troubles dans le genre...


C'est mon coup de coeur de ces derniers mois. C'est frais, c'est bien écrit, c'est plein d'humour, bref cela fait du bien. Ainsi que le sous-titre l'indique, ce n'est pas un roman, ce n'est pas une autobiographie, ce sont des notes personnelles mises en forme pour être rendues publiques. David Valdes a rencontré, il y a un peu plus de 12 ans Jason Greenwood. Dès le deuxième jour ils parlaient de se marier, d'avoir une maison et des enfants. Ce livre relate ce parcours qui serait sommes toutes assez banal s'il ne s'agissait pas de deux jeunes gays de la banlieue de Boston, Massachusset; Etat des Etats Unis qui a l'époque ne reconnaissait pas les mariages gays ni l'homoparentalité. Ce n'est pas un livre militant non plus, l'auteur ne cherche pas à vous convaincre d'épouser ses idées. Non, il raconte leur vie et ses vicissitudes. Et c'est ce qu'il y a de génial et parfois de franchement désopilant. Ainsi lorsque l'auteur descend dans les détails des concessions à faire lorsque l'on épouse quelqu'un... y compris dans la manière dont chacun conçoit comment il convient de poser un rouleau de papier hygiénique dans les WC... la feuille à prendre: dessus ou dessous? Ou, à l'inverse, lorsque ad extra il s'agit de définir sa situation maritale dans nombre de feuillets administratifs qui n'ont pas forcément prévus votre cas... Plus les chapitres avancent, plus leur couple mûrit et plus le livre prend de la profondeur, n'hésitant pas à aborder la crise des dix ans... et finalement l'adoption d'une petite fille, en toute connaissance de cause du côté de la mère biologique... Bref, c'est un homo domesticus comme l'on parle d'homo sapiens. Il y a des petits côtés de la vie à deux qui sont toujours les mêmes quelque soit le sexe (ou le genre) des deux.


En fin de compte, ce livre m'a impressionné par sa simplicité et l'authenticité de son ton. L'auteur, d'origine cubaine (et juive) avec la sensibilité et la faconde du sud est journaliste et auteur dramatique. Il enseigne aussi à l'université.


Plus récemment, mon second coup de coeur va à un roman français qui sans être un grand roman n'en réussit pas moins un certain nombre de choses. Il s'agit d'un Amour sans résistance de Gilles Rozier paru il y a déjà quelques années et qui est sorti en format de poche aux éditions folio de Gallimard, il y a deux ans. D'une part, ce roman est plein de réflexions sur la France de Vichy, sur la guerre, sur comment des gens comme vous et moi (et cette fois infiniment plus crédible que le héros des Bienveillantes!) se retrouvent embarqué de-ci de-là en situation de conflit. Que voulez-vous le héros/l'héroïne est professeur/e d'allemand dans un lycée et utilisé/e comme telle par les uns puis par les autres... Une ville de province donc, un/e prof d'allemand dont la soeur se fait sauter par un officier SS, une mère courage qui se tait et puis un amour surgit... qui entraine à oser ce qui nous paraissait jusqu'alors impossible... Je vais un peu vite en besogne en parlant d'un amour d'ailleurs, car il s'agit plutôt d'une attirance irrépressible qui va se transformer en amour. Et voici notre héros/héroïne prenant tous les risques pour cacher un juif dans la cave de la maison familiale à l'insu de tous... et après les premiers émois passés cela donne l'occasion à quelques réflexions merveilleuses sur Dieu, la prière, le judaïsme... Ainsi: à quoi sert de prier Dieu... mais à savoir l'heure bien sûr, sinon comment saurions-nous s'il est le soir ou le matin....

Mais le plus étonnant, bien sûr, c'est la capacité de l'auteur de nous laisser déterminé nous même le sexe de son héros... Oui bien sûr il/elle a été marié/e, mais à un/e dénommé/e Claude, la belle affaire. Oui, bien sûr il y a des allusions à un amour prohibé mais aimé un juif l'était tout autant qu'aimé un homme en étant soi-même un homme "en ces sombres temps". Tour de force, je vous dis. Pas le moyen de prendre l'auteur en défaut sur ce point. Ce qui montre une sacré ouverture, soit dit en passant.


Brefs je propose ces deux coups de coeur à tous ceux qui veulent se reposer des chagrins de l'idéologie du genre... et que celui qui a des oreilles pour entendre, entende!

Bon samedi saint et bonne fête(s) de Pâque(s)!

samedi 20 janvier 2007

Dans le mariage, bénit-on une union hétérosexuelle ou l'amour qui unit deux être?


Sur un forum auquel je participe, une discussion a débuté dans laquelle, comme d'habitude, la valeur de ce livre est rejetée d'un revers de main. Même si l'on trouve que l'auteur fait un anachronisme, on ne peut, à mon sens, oblitérer pour autant les questions que ce livre pose. Voici en substance ma pensée:
Le livre de John Boswell - essayer de penser dans des domaines qui n'ont quasiment pas laisser de traces est fort difficile ... on peut dire ce que l'on veut de l'interprétation de Boswell mais il a le mérite de nous mettre sous le nez une série de textes que l'on peut toujours aller visiter et ... interpréter autrement que lui, en ce sens je pense qu'il fait oeuvre d'historien.


Je suis bien d'accord sur le fait qu'il s'agisse d'une bénédiction de l'amitié et non d'unions homosexuelles en tant que telles, et alors? dans le mariage, bénit-on une union hétérosexuelle ou l'amour qui unit deux être?

C'est peut-être là que l'on peut approfondir - sauf si l'on pense qu'il n'y a rien à approfondir!
Dans les années trente dans une encyclique - Casti connubii - pour ne pas la citer, le Pape d'alors s'évertuait à défendre cette notion du mariage (c-a-d une question d'amour) contre l'interprétation scientifico-darwiniste qui en était faite (simple réponse à un besoin de reproduction de l'espèce basé sur l'instinct). Ce qui m'étonne dans le débat sur l'homosexualité, c'est l'impression que d'un coup ce qui était alors rejetté devient argument. C'est court.


Me posant la question de vivre avec mon ami et ayant demander à un prêtre de pourvoir faire une retraite, j'ai dû me battre pour que le thème en soit l'amour et non l'homosexualité. S'il n'avait été moine, je ne sais si j'aurais réussi; c'est étrange quand même!


Mais pour revenir à Boswell, ce qui m'étonne, c'est le revers de main avec lequel on traite sa thèse et - jetant le bébé avec l'eau du bain - la série de textes qu'il amène.


En lisant ce livre, j'ai été moi-même géné par son emploi à tout bout de champ des termes unions homosexuelles. Je suis, cependant, allé lire les textes qu'il amène en annexe et là, je reste quand même sur le cul, si vous me passer l'expression. Très bien, Boswell va trop loin en équivalant cela avec des unions homosexuelles alors que l'on a du mal à savoir ce que ces bénédictions recouvraient exactement et que le mot homosexuel n'existait pas, mais :

1 - pourquoi n'y a-t-il pas de débat pour approfondir ce que ces textes recouvrent? pourquoi n'organisons nous pas quelque colloque en invitant des historiens compétents pour en débattre?

2 - cela doit-il pour autant m'empêcher de me sentir concerner par ces textes? est-ce une raison pour empêcher que ces textes me parlent?

Ceci, en tout cas, aucun historien ne vous le reprochera.


Reste à savoir pourquoi Boswell fait un bel anachronisme - et à mon sens, Boswell qui n'est pas un historien né de la dernière pluie, le fait sciemment - en parlant d'unions homosexuelles? Sans prétendre avoir la solution, je rappellerais que, pour autant que je le sache, Boswell était à l'article de la mort, s'il le n'était pas déjà, lorsque son livre est paru. C'est donc un livre dans lequel il jette ses dernières forces. Est-ce dès lors étonnant qu'il provoque dans la formulation? N'est-ce pas aussi partie du métier d'historien que de chercher à susciter le débat?

lundi 25 décembre 2006

Homélie de S. Grégoire de Naziance, pour la mort de S. Basile (en 379)

Nous étions ensemble à Athènes. Comme le courant d'un fleuve, à partir d'une source unique, se divise en plusieurs bras, Basile et moi, nous nous étions séparés pour aller chercher le savoir dans des régions différentes. Mais nous nous sommes retrouvés comme à la suite d'un rendez-vous, alors que c'était Dieu qui nous menait.
Non seulement je portais personnellement à mon grand Basile beaucoup de respect parce que je voyais en lui une conduite sérieuse et une parole avisée, mais j'essayais aussi d'inspirer le même sentiment aux autres, qui n'avaient pas eu l'occasion de le connaître. Car pour beaucoup il était déjà digne de vénération, parce que sa réputation l'avait devancé.
Le résultat de cela ? C'est qu'il fut à peu près le seul, de tous ceux qui venaient étudier à Athènes, qui échappa à la loi commune en jouissant d'une estime supérieure à celle qui revient à un nouveau venu. Ce fut le début de notre amitié, de là est née l'étincelle qui nous a unis; c'est ainsi que nous avons reçu la blessure de notre amitié mutuelle.

Au bout d'un certain temps, nous nous étions avoué notre passion commune, à savoir que nous n'avions d'ardeur que pour la philosophie. Alors nous fûmes tout l'un pour l'autre; ayant même toit, même table, même vie, même horizon, unissant chaque jour notre commun désir avec plus de chaleur et de force.
Nous étions conduits par les mêmes espérances envers la richesse la plus enviée: la science. Mais il n'y avait entre nous aucune envie, nous ne cherchions que l'émulation. Il y avait lutte entre nous deux, non pas à qui obtiendrait la première place, mais comment chacun la céderait à l'autre. Car chacun considérait l'éloge obtenu par l'autre comme étant le sien.
On aurait cru que nous avions à nous deux une seule âme, responsable de deux corps. Et s'il ne faut pas croire ceux qui prétendent que tout est dans tout, il nous faut croire quand nous disons que nous étions l'un dans l'autre et l'un auprès de l'autre.
Nous n'avions tous deux qu'une seule affaire : la vertu, et notre vie était dirigée vers les espérances futures, pour nous préparer à quitter ce monde en y renonçant déjà, car c'est dans cette perspective que nous organisions toute notre vie et notre manière de faire. Nous nous laissions conduire par la loi de Dieu en nous excitant mutuellement à l'amour de la vertu. Et si ce n'est pas trop me vanter que de le dire, chacun de nous était pour l'autre une règle et un modèle permettant de distinguer le bien et le mal.
Chacun porte un surnom qui lui vient de ses parents ou de son propre fonds, d'après ses goûts particuliers ou ses occupations. Mais pour nous, la grande affaire et le grand nom, c'était d'être chrétiens et d'en porter le nom.