lundi 10 décembre 2007

USA, "The Beautiful Country"?




Plus de deux mois que je n'ai pas écrit. Hier soir, un film tourné par un Norvégien, Hans Petter Moland, avec la majorité des dialogues en Vietnamien et sous-titré en Hébreu. Vous l'aurez compris, si je prends la plume, c'est parce que ce film m'a conquis au-delà des mots!



Un jeune vietnamien, la vingtaine, quitte son village pour retrouver sa mère à Saïgon. Son trésor, une photo où, bébé dans les bras de sa mère, ils sont tous deux avec son père devant un salon de coiffure. Il retrouve ce salon et on lui indique une adresse où vivrait sa mère. Alors avec lui on plonge dans la misère des quartiers pauvres de Saïgon. C'est finalement son demi-frère, petit bout de choux haut comme trois pommes relié à une vielle personne assise à même le sol par une ficelle, qui va le reconnaître. La nuit venue, il retrouve sa mère.



De la photo-trèsor aux bribes de conversation avec sa mère - on est en Asie, beaucoup se passe dans l'intonation, les gestes, sans mot - on comprend que Binh, c'est son nom, est de père américain. A d'autres gestes, réactions de personne qui ne le connaissent pas, on comprend que c'est quelque chose qu'il doit cacher et qu'il vit mal. Un jour, c'est la catastrophe, il doit fuir, sa mère lui donne toutes ses économies, son certificat de marriage et son demi-frère avec pour mission d'aller retrouver son père aux USA. Seule adresse : Houston, Texas.


C'est ce parcours des "boat people" que l'on va vivre avec eux. Le sampan, le camp de réfugié/camp de travail-prison en Malaisie, la rencontre de la belle Ling. Binh (Damien Nguyen, un acteur inconnu jusque là) est tranquille, attentif aux autres, à commencer par son petit frère mais pas seulement. Son visage marqué cache un coeur d'or. Ling le voit et s'attache à ces deux frères. Binh souffre des transformations nocturnes de Ling qui a vite pigé que pour sortir de là, il faut beaucoup d'argent. A la faveur d'une émeute, pourtant ils s'échapperont tous les trois pour retrouver un bateau que l'on qualifierait volontier de bateau négrier faisant route vers les USA moyennant finance et esclavage à l'arrivée. Beaucoup meurt. Le petit Tam aussi. A l'arrivée, c'est l'esclavage d'un Chinatown dont on peut penser qu'il s'agit de New York même si la logique voudrait que ce soit quelque part en Californie. Binh comprend que Ling à d'autres rêves que lui, lorsqu'un jour il découvre que ce qu'il croyait être son malheur - le fait d'être métisse, lui ouvre les portes de l'Amérique.


Il est libre et fait route vers le sud pour retrouver son père, Steve (Nick Nolte) qui vit miséreux dans une caravane, employé dans un ranch plus par charité que pour son efficacité car Steve est aveugle. Et c'est sur la rencontre entre ce père et ce fils que le film s'avance... A nouveau sans beaucoup de mots, mais une tendresse rare. Je n'ai pas trouvé de photos de cet instant où Nick Nolte pige que c'est son fils qui lui a préparé un repas de ce pays tant aimé dont il a été arraché par l'explosion d'une bombe et où, par ses doigts, il explore son visage... mais j'ai rarement vécu quelque chose d'aussi magnifique au cinéma. Peut-être cette photo de la production vous dira quelque chose...

Pour ceux qui savent l'anglais, cette recension sur un site de spiritualité.

1 commentaire:

georges a dit…

Wow! Ça a l'air vachement bien!