Sur les questions touchant à l'homosexualité, au mariage gay et autre questions d'homoparentalité, un certain nombre de textes issus du Vatican parlent facilement de "l'idéologie du genre" qu'aurait inventée, sur le registre militant, "la féministe américaine Judith Butler".
L'un de ses principaux promoteurs est Mgr Tony Anatrella, pour qui l'on se demande s'il ne s'agit pas de créer un repoussoir pour mieux défendre sa propre conception de la famille ; laquelle ressort plus d'un mauvais thomisme saupoudré de vocabulaire psychanalytique qu'animé d'un d'un véritable souffle évangélique vis-à-vis des exclus. Et voilà que je découvre un texte disponible en ligne qui fait droit à Judith Butler la Philosophe, et qui en tant que tel prend en compte l'ensemble de son oeuvre plutôt que de se focaliser sur ses premiers écrits et Le Trouble dans le genre, pour ne pas le citer. Une pensée au travail, pourrait-on dire. Remarquable.
Le titre de l'intervention reprend une phrase de la philosophe : "À quelles conditions puis-je faire quelque chose de ce qui est fait de moi?" Une lecture du Récit de soi de J Butler.
Son intervention se situait dans le cadre d'un colloque intitulé: Le désir de reconnaissance entre vulnérabilité et performativité qui s'est tenu à la Maison des Sciences de l'Homme de Bordeaux en février 2011. L'ensemble des interventions, dont la conférence de Brigitte Estève-Bellebeau, sont disponibles en ligne.
Pour mémoire, Brigitte Bellebeau a soutenu sa thèse sur Assujettissement, dépendance et identité : l'ouverture éthique dans l'oeuvre de Judith Butler en 2007.
Lorsqu'un amour inattendu traversa ma vie de chrétien, je su que tel Jacob j'entrais dans un combat avec l'ange et qu'il ne me faudrait pas le lâcher avant qu'Il ne m'ait béni, dussé-je en boiter au matin... Combatdejacob voudrait donc offrir le fruit de ma méditation depuis lors sur ma vie dans l'Eglise, ses aléas (à deux puis de nouveau seul, enfin presque, avec deux pitchouns...). Dans le futur j'aimerais en faire un livre, alors n'hésitez pas à faire des commentaires.
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lundi 30 avril 2012
jeudi 29 septembre 2011
Rendons à César ce qui est à César...
En France dernièrement, la théorie du genre est devenue polémique et sujet de débats dans le petit monde catholique. Ce ne serait pas une théorie mais une véritable idéologie cherchant à transformer la société de fond en comble... Pour rendre à César ce qui est à César et peut-être mieux mesurer ce qui risque bien de n'apparaître d'ici quelques années qu'avoir été "tempête dans un verre d'eau", pour cité la conclusion d'un billet sur le sujet d'un ami sur son blog, je voudrais renvoyer ici à une table ronde mise en ligne sur le site Fabula de recherches en littérature. Repris d'un ouvrage sur les oubliées des études littéraires consacrées au XIXe siècle publié dans les Classiques Garnier en août 2010, cette table ronde fait le point sur la complexité de cette théorie et de ses usages. On y voit bien notamment comment la notion est d'abord médicale dans les années 1970 pour rendre compte du transexualisme, avant de servir une critique des diktats de la psychanalyse par Judith Butler au début des années 1990 - objet de toutes les polémiques aujourd'hui -, mais surtout on ne s'en tient pas là et l'on voit bien qu'une théorie critique ... est aussi critiquée et permet, ou ne permet pas, de penser certaines questions dans certains contextes alors qu'ailleurs elle tombe à plat.
Que retirer de tout cela ? quelles questions en tirer ? Mis à part le fait qu'une fois de plus, je ne suis pas sûr que l'Église catholique sorte grandit de cette construction "idéologique" proposée au départ, s'il m'en souvient bien, par quelque obscur prélat et reprise par beaucoup trop de monde à mon goût, on peut se poser de vrais questions : que se passe-t-il lorsqu'un concept passe de la théorie à la "politique" éducative - "politique" au sens de policy anglo-saxonne ? Comment faire pour que le questionnement reste premier ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit : trouver des concepts qui libèrent la pensée, y compris des plus jeunes. Souvent l'on me demande, Chrétien vivant en Israël, quel éthique j'enseigne dans mes cours - et je réponds en souriant qu'il s'agit d'abord de montrer que des questions se posent aujourd'hui, mais peut-être que tout le monde n'est pas d'accord avec cette vision de l'éducation...
Proche de ce débat même s'il ne le recoupe pas entièrement, j'ai lu récemment le discours du Pape Benoît XVI au Bündestag. Il y insiste sur le concept de droit "naturel", s'étonnant du mauvais accueil que l'on fait à cette notion alors qu'il y voit intelligence d'une tradition qui "seule" (?) des grandes religions n'a pas produit de "droit révélé". Bien sûr, si l'on s'en tient au concept traditionnelle de nature - qui est la vocation divine de l'homme, il s'agit d'un concept au potentiel critique appréciable, mais comment ne pas prendre en compte le fait que la réception de nos jours d'un tel concept - ce que nos contemporains entendent lorsqu'on leur parle de nature - c'est d'abord et avant tout ce que l'entreprise scientifique nous dévoile de l'homme... Le professeur Ratzinger le soutenait lui-même au moment du Concile (cf. son livre récemment traduit en français - Mon Concile Vatican II) lorsqu'il se réjouissait que l'on aborde les choses en parlant de "Mystère de l'Église" plutôt que de "Nature de l'Église", inaudible aujourd'hui.
Pourquoi ne pas déployer sur toutes ces questions de la famille, de la sexualité, la métaphore du "mystère" plus que celui de "nature" ?
Que retirer de tout cela ? quelles questions en tirer ? Mis à part le fait qu'une fois de plus, je ne suis pas sûr que l'Église catholique sorte grandit de cette construction "idéologique" proposée au départ, s'il m'en souvient bien, par quelque obscur prélat et reprise par beaucoup trop de monde à mon goût, on peut se poser de vrais questions : que se passe-t-il lorsqu'un concept passe de la théorie à la "politique" éducative - "politique" au sens de policy anglo-saxonne ? Comment faire pour que le questionnement reste premier ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit : trouver des concepts qui libèrent la pensée, y compris des plus jeunes. Souvent l'on me demande, Chrétien vivant en Israël, quel éthique j'enseigne dans mes cours - et je réponds en souriant qu'il s'agit d'abord de montrer que des questions se posent aujourd'hui, mais peut-être que tout le monde n'est pas d'accord avec cette vision de l'éducation...
Proche de ce débat même s'il ne le recoupe pas entièrement, j'ai lu récemment le discours du Pape Benoît XVI au Bündestag. Il y insiste sur le concept de droit "naturel", s'étonnant du mauvais accueil que l'on fait à cette notion alors qu'il y voit intelligence d'une tradition qui "seule" (?) des grandes religions n'a pas produit de "droit révélé". Bien sûr, si l'on s'en tient au concept traditionnelle de nature - qui est la vocation divine de l'homme, il s'agit d'un concept au potentiel critique appréciable, mais comment ne pas prendre en compte le fait que la réception de nos jours d'un tel concept - ce que nos contemporains entendent lorsqu'on leur parle de nature - c'est d'abord et avant tout ce que l'entreprise scientifique nous dévoile de l'homme... Le professeur Ratzinger le soutenait lui-même au moment du Concile (cf. son livre récemment traduit en français - Mon Concile Vatican II) lorsqu'il se réjouissait que l'on aborde les choses en parlant de "Mystère de l'Église" plutôt que de "Nature de l'Église", inaudible aujourd'hui.
Pourquoi ne pas déployer sur toutes ces questions de la famille, de la sexualité, la métaphore du "mystère" plus que celui de "nature" ?
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dimanche 13 avril 2008
mâle et femelle il les créa ou mémoire et trouée il les créa ?

C'est par le libéblog d'Alain Piriou, le porte parole de l'inter-LGBT que j'ai eu connaissance pour la première fois de ce "manuel" distribué gratuitement dans nombre de bibliothèques de l'enseignement public. Aujourd'hui, je vois le post de Ichtus75000 qu reprend Golias.
Que Christian Vanneste soit mêlé à cela ne m'étonne pas, que l'on y retrouve Tony Annatrella, non plus mais que des gens que j'estime comme Rémi Brague ou Marie Balmary me fait tout simplement mal. Marie Balmary, j'avoue ne pas comprendre parce que nous nous sommes rencontrés. Ne m'a-t-elle pas dit un jour que je lui parlais de ma relation avec Vincent : "s'il y a de l'inter-dit, vous pouvez construire" ? Par ailleurs, son livre la Divine origine est pour moi l'un des plus beaux livre que j'ai lu. Je sais ses positions, je sais sa réflexion, et il y a là des choses que je respecte. Il est vrai qu'à l'époque du vote "raté" des socialistes sur le PACS, je me suis demandé si par sa méthode il n'y avait pas risque de confondre voix de la conscience et inconscient collectif, voir de déïfier cet inconscient collectif. Mais encore une fois, voir son nom à côté des premiers me fait tout simplement mal.
On ne sait pas grand chose de cette Académie d'éducation et d'études sociales constituée en 1922, voulant promouvoir l'enseignement social de l'Eglise, et dont l'un des présidents fut le fameux Cardinal Baudrillart. En particulier on ne trouve pas sur leur site qui en sont les 40 membres statutaires, etc. Par contre, on peut trouver leur mode de fonctionnement. Invitation de diverses personnalités puis publication en fin d'année du volume des différentes communications. Marie Balmary, à ouvert le bal sur le thème de "Homme et femme il les créa" à l'automne 2006. Son intervention est consultable en ligne. Nul sommaire de l'ensemble du volume, c'est en cliquant au petit bonheur la chance que je l'ai trouvée.
La séance suivante fut celle de Rémi Brague sur les trois religions monothéistes.
Puis viennent Christian Vanneste, Marie Hendrickx, présentée comme de la sphère de Mgr Schooyans, Mgr Anatrella, Mgr Brincard, celui qui restera pour moi l'évêque aux chaussettes roses ... , Anna-Marie Liebert, également présentée comme relevant de la sphère de Mgr Schooyans (MS, si vous ne connaissez pas, lisez le CR de Terrorisme à visage humain paru sur un site dominicain avec lequel je ne suis pas sur que notre ami Ichtus75000 se sente très à l'aise, ou ce que j'en disais voici un an. On travaille sur les mêmes sujets: bioéthique, eugénisme, liens entre la médecine et l'Etat, etc., on partage une même inquiétude face au tout libérale et tous deux nous voulons porter un regard critique à partir de notre tradition chrétienne, et pourtant nous sommes à vingt mille lieux l'un de l'autre. Mystère ? Non, je crois que mon homosexualité m'empêche d'épouser le prêt-à-penser, m'oblige à relire ma tradition. Je ne peux croire que Dieu, mon Dieu, m'ait créé intrinsèquement pervers. Alors je lutte avec lui, je dois à tout prix faire la distinction entre ce qui relève d'un inconscient collectif construit et ce qui relève du vrai Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Il faudra que j'écrive là dessus, c'est essentiel). Il faut noter que des trois Mgrs seul Mgr Brincard est évèque.
Bon, je ne sais pas si j'aurais le cran de tout lire, mais les deux premiers je vais essayer, parce que oui, même si je ne partage pas leurs idées, je les estime. Comment ont-ils pu se laisser embarquer dans pareil aventure ? On va lire et on en reparle ? Parce qu'il faut le dire haut et fort : "Homme et femme il les créa" ne se trouve pas dans la Bible ! L'hébreu dit zakhar vénékéva bara otam, ce que l'on traduit généralement par "mâle et femelle il les créa", et qui pourrait tout aussi bien s'entendre plus concrêtement comme "souvenir et trouée il les créa" mais certainement pas "homme et femme il les créa" ! Balmary et Brague lisent tous deux l'hébreu donc comment lisent ils cela ?
mercredi 10 janvier 2007
Jacques Arènes ou le narcissisme contemporain
Pour ceux que la question intéresse je signale l'article actuellement consultable en ligne de Jacques Arènes publié dans la livraison de janvier de la revue jésuite Les Etudes - La question du "genre" ou la défaite de l'homme hétérosexuel en Occident. S'agit-il là de l'un des éléments du dossier qu'ont eu en main les évèques à Lourdes ? Je ne saurais le dire mais c'est possible.
Je lis et je me dis que je vais finir par acheter le livre de Judith Butler, Trouble dans le genre, parce que l'interprétation qui a cours dans le discours ecclésial français ne correspond pas à l'idée que je m'en fais en utilisant ses textes avec mes étudiants en biologie qui s'intéressent à l'éthique pour leur montrer que tout ne se réduit pas aux molécules... Je suis quand même "scotcher" de voir que l'on en fait une idéologie avec stratégie de conquête, etc... Pour moi, je le redis, la théorie du genre, c'est d'abord montrer, par exemple, que tout ne se réduit pas aux molécules mais que l'on est également homme ou femme grâce au fait que l'on s'adresse à nous dès l'enfance au masculin ou au féminin... Je n'en fais pas un absolu, je dis que cela contribue aussi à la construction de notre identité et que le nier me paraît relever d'une réaction que je ne comprends pas.
Autre philosophe incriminé dans l'article, Michel Foucault, que, sans en faire un saint comme certain, je trouve qu'il est un intellectuel qui a eu le courage de tenter de penser - et par là de contribuer à libérer - un certain nombre de groupes humains soumis à des pouvoirs sociétaux oppressants: les fous, les prisonniers, les malades. Pour moi, son travail me rappelle le précepte d'Isaïe... Je suis donc étonné quand on en fait le théoricien d'une idéologie dangereuse... qui soutiendrait que, je cite, "l'altérité ...[serait] fatalement le lieu de la domination"!
Enfin l'auteur termine son article par une phrase étonnante: "La compétition narcissique ne fait que commencer"... Je referme la revue et je me demande de quoi l'on veut se convaincre à tout prix... Personnellement, j'attends encore que l'on me dise en quoi notre époque est plus narcissique que d'autres. Je ne crois pas, par exemple, que le débat sur l'homosexualité qui est de fait l'une des caractéristiques de notre époque, serait un signe de narcissisme sociale mais bien plutôt d'une époque capable de s'interroger sur - et de faire une place à - ses minorités...
Je lis et je me dis que je vais finir par acheter le livre de Judith Butler, Trouble dans le genre, parce que l'interprétation qui a cours dans le discours ecclésial français ne correspond pas à l'idée que je m'en fais en utilisant ses textes avec mes étudiants en biologie qui s'intéressent à l'éthique pour leur montrer que tout ne se réduit pas aux molécules... Je suis quand même "scotcher" de voir que l'on en fait une idéologie avec stratégie de conquête, etc... Pour moi, je le redis, la théorie du genre, c'est d'abord montrer, par exemple, que tout ne se réduit pas aux molécules mais que l'on est également homme ou femme grâce au fait que l'on s'adresse à nous dès l'enfance au masculin ou au féminin... Je n'en fais pas un absolu, je dis que cela contribue aussi à la construction de notre identité et que le nier me paraît relever d'une réaction que je ne comprends pas.
Autre philosophe incriminé dans l'article, Michel Foucault, que, sans en faire un saint comme certain, je trouve qu'il est un intellectuel qui a eu le courage de tenter de penser - et par là de contribuer à libérer - un certain nombre de groupes humains soumis à des pouvoirs sociétaux oppressants: les fous, les prisonniers, les malades. Pour moi, son travail me rappelle le précepte d'Isaïe... Je suis donc étonné quand on en fait le théoricien d'une idéologie dangereuse... qui soutiendrait que, je cite, "l'altérité ...[serait] fatalement le lieu de la domination"!
Enfin l'auteur termine son article par une phrase étonnante: "La compétition narcissique ne fait que commencer"... Je referme la revue et je me demande de quoi l'on veut se convaincre à tout prix... Personnellement, j'attends encore que l'on me dise en quoi notre époque est plus narcissique que d'autres. Je ne crois pas, par exemple, que le débat sur l'homosexualité qui est de fait l'une des caractéristiques de notre époque, serait un signe de narcissisme sociale mais bien plutôt d'une époque capable de s'interroger sur - et de faire une place à - ses minorités...
jeudi 7 décembre 2006
Se pourrait-il que le voyageur soit une femme ?
L'autre soir, j'ai vu un joli téléfilm dont je découvre - ce qui dévoile mon ignorance! - qu'il s'agit d'une adaptation d'une pièce de Jean Anouihl: Le voyageur sans bagage. Un amnésique de la Grande Guerre cultive tranquillement son jardin dans un asile lorsque des familles s'intéressent à lui ... pour combler leur dette! L'une d'elle, notamment, est plus vraisemblablement la sienne, mais notre homme ne supporte pas l'idée d'avoir à endosser la personnalité d'un être aussi dépravé que celle du frère disparu dont on lui renvoie l'image. De merveilleux dialogues s'ensuivent tous plus savoureux les uns que les autres! Finalement, lorsque le filet se ressère de trop notre ami décide d'épouser la personnalité d'un ... Je vous laisse découvrir.

Il introduit, en effet, un "coin" dans l'unité trop évidente de la personnalité en posant la question: que ce passe-t-il pour celui qui ne se souvient de rien? Cela me rappelle aussi un roman lu en hébreu sur le leader d'un groupe un peu illuminé de jeunes pratiquants qui avait comme stratégie inconsciente d'oublier régulièrement ce qu'il avait fait à différentes étapes de sa vie. Souvent des personnes qui ont vécu un traumatisme n'oublient-elles pas ce qu'elles ont vécu.
Si j'amène ce film en discussion, c'est parce que tout en le rergardant ne cessaient de remonter en moi des bribes d'une discussion que j'ai eu il y a de cela une quinzaine avec un ami. Nous parlions de la rencontre des évèques à Lourdes en novembre et du fait qu'y avait été discutées "les différences structurantes de la vie sociale", travaux d'experts à l'appui avec, notamment, l'intervention de Jacques Arenes. Dans les milieux ecclésiastiques, la thérorie du genre (Gender theory) est souvent nommée "idéologie du genre". Ce qui a mon sens va trop loin et est une manière de ne pas entendre la question que pose cette théorie. Ce film, Le voyageur sans bagage, rejoint la discussion en ce qu'il aborde la question de la mémoire bien sûr mais aussi, à mon sens, celle de notre liberté à être celui ou celle que nous voulons être.

Il introduit, en effet, un "coin" dans l'unité trop évidente de la personnalité en posant la question: que ce passe-t-il pour celui qui ne se souvient de rien? Cela me rappelle aussi un roman lu en hébreu sur le leader d'un groupe un peu illuminé de jeunes pratiquants qui avait comme stratégie inconsciente d'oublier régulièrement ce qu'il avait fait à différentes étapes de sa vie. Souvent des personnes qui ont vécu un traumatisme n'oublient-elles pas ce qu'elles ont vécu.
Il y a un très beau témoignages en ce sens dans le livre Nazisme, science et médecine qui vient de paraître chez Glyphe. Un jeune imfirmier juif de l'armée française est chargé à la libération de Strasbourg d'aider ceux qui enquêtent sur les corps retrouvés dans la faculté de médecine, il écrit son émotion à sa fiancée, puis oubliera pendant 40 ans, jusqu'à ce qu'un jour montent les souvenirs...
Bref, ce film, cette question du rôle de la mémoire dans ce continuum psychologique qui nous constitue, a rouvert pour moi la question du genre - je me sens homme, je me sens femme... qu'est-ce à dire ?
Personnellement, je prends la théorie des genres comme quelque chose de beaucoup plus doux que l'opinion généralement reçue dans l'Eglise, selon laquelle il s'agirait d'une idéologie à prétention que tout un chacun nous sommes libres de nous faire homme ou femme selon notre désir. Mais qualifiant cette théorie d'idéologie entend-on la question? Il me semble que la Gender theory cherche plus simplement à reconnaître que dès l'enfance nous apprenons "culturellement" - et d'abord par l'apprentissage du langage - que nous sommes homme ou femme, et donc le masculin, le féminin... et à en évaluer les conséquensces. Cela ne se fait pas dans toutes les sociétés de la même manière. Je citais à mon ami le fait qu'en hébreu, à la différence du français, c'est dès le berceau que l'on s'adresse à vous différemment si vous êtes un garçon ou une fille - "at, ata", à la différence du "tu" indiférencié du français ou du "you" anglais. Cela a-t-il une importance? Quelle est-elle?
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