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dimanche 16 mai 2010

La vie mentie


Michel del Castillo, c'est une oeuvre dont certains aspects m'accompagnent depuis longtemps, noirs souvent, travaillés par le passé sûrement, et qui trouvent dans la littérature précisément la transcendance de ses tourments. Des thèmes qui me sont chers reviennent, l'habitent, comme la Guerre d'Espagne, la confrontation au Nazisme, l'homosexualité du narrateur. Le roman que je préfère ? Mon frère l'idiot, bien sûr, qui trouve en Dostoyevski sa planche de compagnonage.
Ici, il s'agit d'un ancien soixante-huitard, directeur de communication et coach d'hommes d'affaire dont il faut justifier devant l'opinion publique les plans de licenciement alors que leurs entreprises fleurissent en bourse... Bref, l'actualité dans ce qu'elle a de plus scandaleuse. Avec le héros nous pénétrons à l'intérieur du monde médiatique qui nous façonne et dont il démonte certains mécanismes. La vie mentie... notre vie serait-elle fantoche, ne pouvant échapper aux informations - fausses, prévues en régie - qui nous enveloppent?
Le héros à des points de repère pour évaluer sa vie : son père, qu'il n'avait que peu apprécié dans sa jeunesse pour aller vivre chez sa grand-mère, et surtout cette dernière, vivant dans le souvenir de son amour fort et put trop tôt disparu. Et voilà notre héros parti à la recherche de ce passé qui peut lui servir d'ancre, au-delà des Pyrénnées. Ayant refermé le livre, j'ai ouvert l'un ou l'autre ouvrage de Miguel de Unamuno. Figure littéraire qui hante la fin de ses pages.

lundi 21 avril 2008

Anselme ou si Dieu existe



Une question théologique en thriller... on aura tout vu. Vous connaissez l'argument dit de Saint Anselme ou la preuve ontologique de Dieu de Saint Anselme. L'auteur de Si Dieu existe en fait l'objet d'un roman. Aujourd'hui c'est la fête du héros, alors présentons l'ouvrage.



Saint Anselme (1033-1109), , c'est le Bec Helluin. Cela me touche donc. L'argument de Saint Anselme, j'ai découvert sur le tard en faisant de la théologie après mes études de médecine. C'est une des choses qui m'avait "scotché" en arrivant en Israël et en découvrant la formation de base des jeunes allemands comparée à la nôtre française: en Allemagne, ceux que la question de Dieu intéressent peuvent étudier la théologie à l'Université, ce qui n'était pas vraiment le cas en France dans les années 1980s. Alors que je suais sur l'argument de Saint Anselme, un étudiant allemand me dit avoir étudié cela dans le secondaire... "scotché", je vous dis. Vraiment avec notre séparation de l'Eglise et de l'État nous étions un cas unique, un hapax comme disent les exégètes.



En faire un thriller, réduira-t-il l'ignorance de nos contemporains ? Je dois dire que j'ai aimé la mise en intrigue de l'argument lui-même. Ce que Jean-Maurice de Montrémy traduit par "le goût d’Alain Nadaud pour les objets intellectuels qu’il sait traiter comme des personnages de fiction dont les aventures créent, chez le lecteur, un étrange vertige." C'est exactement cela. Autour, c'est moins original. Je ne sais la largeur de l'enquête historique préalable de l'auteur, rien ne nous l'indique. Quelle est donc la véracité de la figure d'Anselme qu'il nous livre ? Fils de bonne famille qui aurait fait les quatre cents coups avant de s'assagir. Apparemment l'auteur se serait inspiré d'une contre-vie de Saint Anselme par un certain Clermont, si l'on en croit les notes de l'éditeur qui renvoient à des textes dela collection Sagesse chrétienne du Cerf. Bref, la sexualité des moines au Moyen-Age fait effet de resservit. L'auteur me rappelle Jean Férat. Plus intéressant à mon avis, c'est de vouloir présenter l'argument comme un coup d'orgueil d'Anselme. Là il donne à penser. Chapeau bas.


lundi 10 septembre 2007

Lectures de vacances (IIb)



Après la Thébaïde d'Egypte la Thébaïde française, je veux parler de Port Royal, bien sûr! Les Solitaires de Port Royal! De proche en proche vous dis-je, j'étais entrain de lire le livre de Jacques Lacarrière sur Les hommes ivres de Dieu, lorsque mon regard fut attiré, je ne me souviens plus très bien ou, ah si dans l'une des librairies pour voyageurs pressés de la Gare de Lyon. Je sortais d'une journée de fouille dans les archives pour mon boulot, trois heures de TGV m'attendait, j'ai acheté Le Désert de la grâce de Claude Pujade-Renaud. Vous connaissez? Moi non, pourtant ce n'est pas son premier roman, loin sans faut. Presque tout chez Actes Sud, une maison d'édition que j'apprécie généralement. Cette fois c'est la rentrée littéraire et il est bien placé dans les kiosques de gares... Je lis la quatrième de couverture,

une histoire de Port Royal sous forme de roman et par les femmes, il ne m'en faut guère plus pour acheter.

Port Royal , en lisant Lacarrière j'étais déjà en chemin... non, vous ne voyez pas pourquoi ? mais ce sont les plus belles traductions françaises que nous ayons de toutes ces vies de saints plus ou moins syphonés qui vivaient dans les déserts, sur des colonnes... ou encore à deux dans une même cellule ! Lacarrière, c'est là un des aspects sympas de son livre, prend soin de nous indiquer ses sources et signale son choix d'utilisé les traductions d'Arnaud d'Andilly... En fait, il y a un peu plus d'un an, je suis allé passer une après midi dans le vallon des Champs. Je logeais en vallée de Chevreuse chez des amis, un autre ami, fan du français de Port Royal m'en avait trop parler ces dernières années pour que je résiste à la tentation. J'ai découvert le lieu dit "Les Ecoles", musée national, s'il vous plait, et le travail acharné de ces érudits en retrait de la cour de Versailles, l'énorme effort de traduction fait dans le sens d'un retour aux sources du Christianisme. Voilà qui éloignait le spectre du Pari de Pascal qui me restait du Baccalauréat blanc et la sévérité du Jansénisme sur lequel j'étais resté. J'en découvrais un autre aspect.

Alors ce roman ? En fait, vous l'avez compris, je suis très flemmard, je n'aime pas lire les travaux d'érudition alors lorsque je trouve un roman, un essai, un film qui présente les choses de manière agréable, tout en ayant une certaine exigence intellectuelle, je prends mon pied. Là, c'est un siècle d'histoire de Port Royal par acteurs interposés qui se déroule devant vous. Mieux, qui vous permet d'entrer dans le vécu de Port Royal. C'est la grandeur de la fiction lorsqu'elle y réussit - vous rendre contemporain de ces gens-là, vous permettre de voir par leurs yeux, de ressentir l'histoire telle qu'elle pesait sur eux - oh bien sûr, il s'agit toujours d'un parti pris de l'artiste et il ne s'agit pas de s'imaginer qu'on y est vraiment, il n'empêche qu'au détour d'une phrase, vous vous dites que l'auteur a saisit quelque chose de l'époque, cela vient comme confirmer une pierre d'attente dans votre propre monde historiographique intérieur - si vous êtes ainsi construit, bien sûr ! Un exemple anecdotique: l'auteur soudain fait parler l'une des femmes d'imprimeurs qui ont publié "Les Provinciales" sous le manteau, une descente de police et la voilà cachant les plombs de la deuxième lettre sous ses jupon: Au détour d'une phrase, c'est un monde entier qui surgit, un métier, ses codes, ses points d'honneur ... nous sommes en 1656, cent trente ans avant la Révolution française, lorsque Descartes et autres philosophes allaient se faire imprimer en Hollande, ou en Suisse, lorsque toujours ou presque l'on dédiait son oeuvre à un puissant pour qu'il vous protège... "Mais de mon père, le grand libraire Camusat, je tenais ce principe : toujours sauver les textes, avant tout !" ... j'en frémis dans les entrailles!

Le livre lui-même est un peu décousu, du moins au début. Puisque son principe est de faire parler les acteurs, l'on saute parfois quelques dizaines d'années en avant, en arrière et ce n'est pas toujours facile de reconstruire la mosaïque, pas toujours facile à suivre. Le fil conducteur est assuré par un médecin, Claude Dodart, lui-même fils du médecin des moniales et des Solitaires, et une certaine Françoise de Joncoux qui passe son temps à recopier en secret les textes. On est dans l'après, tout est fini, les dernières moniales ont été dispersées, on a même, exhumé les corps, sur ordre du Roi (Louis, le quatorzième) mais les proches sont toujours en lien les uns avec les autres, se connaissent, s'entraident, espèrent que quelque chose survivra de tout cela. On cherche un livre aussi, une histoire de Port Royal écrite par le grand Jean Racine et qui a disparue. En fait, la véritable héroïne du roman, c'est sa fille, en recherche de la véritable identité de son père, en recherche d'elle-même au fond. Vie ascétique - vie dans le siècle ? Ou se situe le véritable amour ? Est-ce toujours aussi évident de choisir entre la vie spirituelle de Port Royal des Champs et les fastes de Versailles ? Mais au-delà des fastes de la cour, les idéologies, il y a des questions simples et existencielles sur ce que l'on transmet à ses enfants, sur l'éducation et l'on découvre des aspects bien peu connus de cette grande aventure... en tout cas de moi.

vendredi 22 juin 2007

Paul Auster ou de l'invention de la solitude





Depuis quelques mois, je lis les romans de Paul Auster. Mon attention sur cet auteur est venu de la lecture du blog de JeanSeb l'important c'est de s'arracher. J'ai commencé par La trilogie new yorkaise. Trois romans en un, comme l'indique son titre. Je ne peux pas dire que j'ai aimé le contenu mais rarement j'ai été sensible à une écriture comme je le suis à celle de Paul Auster. Son écriture me touche, je ne peux dire autre chose. Ce n'est pas rose, ni réjouissant, cela ne me fait pas du bien mais il y a quelque chose de métaphysique dans sa manière d'écrire qui me touche profondément. Un peu comme le film le sacrifice de Tarkowski, si vous connaissez.





J'ai poursuivi par Moon Palace trouvé chez une copine. Il n'y avait pas la même magie, mais la fin m'a pris de court. En quelques pages, l'auteur nous révèle qui il est, en quelque sorte, quelles sont ses origines. Je comprends mieux ce qui fonctionne sur moi. Je me décide alors à poursuivre la recherche et je me tourne vers son premier roman ayant l'intuition que là se cacherait le secret - L'invention de la solitude. A nouveau deux romans en un. J'accroche plus au deuxième, le livre de la mémoire qui me rapelle celui d'Edmond Jabes; le premier m'ennuie. De plus, dans l'édition de poche Babylone de chez Acte sud que j'ai trouvée, il y a un court essai de Pascal Bruckner sur l'ensemble de l'oeuvre d'Auster et sur ce premier roman en particulier. Mais voilà, Bruckner met tout sur la première partie - une certaine somme d'argent que le père de l'auteur lui aurait laissé à sa mort et qui lui aurait permis de se mettre à écrire - alors que le secret de l'écriture il m'a semblé le découvrir dans le livre de la mémoire - la mort d'un enfant, qui laisse un vide insondable... Est-ce parce que je suis un papa frais émoulu que cela m'a touché particulièrement, peut-être. Ou peut-être qu'il me semble qu'il ne suffit pas du loisir pour se mettre à écrire, il faut encore la profondeur de l'absence pour ouvrir la béance ou s'enracine une oeuvre...


Seulement une fois auparavant je me suis lancé ainsi à lire plusieurs livres du même auteur l'un à la suite de l'autre. C'était avec Michel del Castillo dans sa quète d'identité. Là aussi un parcours de la mémoire qui de livre en livre vous entraine de l'enfance et la guerre d'Espagne aux camps de concentration en passant par cet oncle et cette tante qui vont aimer l'enfant et ... avec cette amitié des grands auteurs, et en particulier Dostoyevski, mon frère.

samedi 26 mai 2007

Avant les hommes, de Nina Bouraoui

@tous
Lu le livre, sympa, prenant, vite lu entre Paris et Tel aviv même si deux heures d'attente sur le tarmac pour cause d'orage a aidé, c'est sûr. Ceci dit je ne suis pas sans questions:
Il y a un côté explication de l'homosexualité qui ne (me) convaint pas vraiment - en bref, un père absent, une mère hotesse de l'air sans arrêt en voyage qui ramène beaucoup d'hommes chez elle, d'ou le désir des hommes chez Jérémie, l'ado que l'on écoute raconter tout au long du livre... c'est court non? on se dirait en plein oedipe...

en fait, c'est un long monologue sur les désirs fantasmés qui ne se réalisent pas mais qui ont quand même une consistance du fait que c'est son vécu cette année là, de l'hiver à l'été... là effectivement je pense que l'on a tous plus ou moins vécu des périodes comme celle-là, surtout à l'adolescence, sauf que personnellement ce fut plutôt l'inverse... c'est à dire que c'était la rencontre d'une fille qui demeurait de l'ordre du fantasme, ce qui fit partie de la prise de conscience de mon homosexualité... donc, Jérémie, futur hétéro... c'est en tout cas une finale possible puisque le roman se termine sur un futur qui s'ouvre sans que l'on sache sur quoi, ni sur qui ...

ce qui m'a motivé pour le lire, c'est l'interview (merci gayclic!) et le fait que l'auteure dise avoir écrit en raison du taux de suicide 7 fois plus haut chez les ados homos... C'est vrai que c'est important de pouvoir mettre des mots sur son expérience et que la littérature cela peut aider (c'est d'ailleurs un des fils rouges du livre .. Jérémie est passionné de poésie et écrit aussi) mais franchement en quoi cette description-ci permet à un jeune homo de ne pas trouver l'avenir bouché? je me le demande encore

enfin, ce qui me frappe c'est le fossé entre les déclarations de l'interview, les citations qu'ils font (on s'attend presque à une omniprésence du sexe lié à la quête d'identité, etc.)... et la réalité du livre ou l'on reste dans le désir inassouvi, enfin presque. Notez que d'un point de vue littéraire cela fonctionne bien, l'on parvient à la fin du livre sans s'en rendre compte, mais cela interroge sur ce que retienne les médias