samedi 20 janvier 2007

Dans le mariage, bénit-on une union hétérosexuelle ou l'amour qui unit deux être?


Sur un forum auquel je participe, une discussion a débuté dans laquelle, comme d'habitude, la valeur de ce livre est rejetée d'un revers de main. Même si l'on trouve que l'auteur fait un anachronisme, on ne peut, à mon sens, oblitérer pour autant les questions que ce livre pose. Voici en substance ma pensée:
Le livre de John Boswell - essayer de penser dans des domaines qui n'ont quasiment pas laisser de traces est fort difficile ... on peut dire ce que l'on veut de l'interprétation de Boswell mais il a le mérite de nous mettre sous le nez une série de textes que l'on peut toujours aller visiter et ... interpréter autrement que lui, en ce sens je pense qu'il fait oeuvre d'historien.


Je suis bien d'accord sur le fait qu'il s'agisse d'une bénédiction de l'amitié et non d'unions homosexuelles en tant que telles, et alors? dans le mariage, bénit-on une union hétérosexuelle ou l'amour qui unit deux être?

C'est peut-être là que l'on peut approfondir - sauf si l'on pense qu'il n'y a rien à approfondir!
Dans les années trente dans une encyclique - Casti connubii - pour ne pas la citer, le Pape d'alors s'évertuait à défendre cette notion du mariage (c-a-d une question d'amour) contre l'interprétation scientifico-darwiniste qui en était faite (simple réponse à un besoin de reproduction de l'espèce basé sur l'instinct). Ce qui m'étonne dans le débat sur l'homosexualité, c'est l'impression que d'un coup ce qui était alors rejetté devient argument. C'est court.


Me posant la question de vivre avec mon ami et ayant demander à un prêtre de pourvoir faire une retraite, j'ai dû me battre pour que le thème en soit l'amour et non l'homosexualité. S'il n'avait été moine, je ne sais si j'aurais réussi; c'est étrange quand même!


Mais pour revenir à Boswell, ce qui m'étonne, c'est le revers de main avec lequel on traite sa thèse et - jetant le bébé avec l'eau du bain - la série de textes qu'il amène.


En lisant ce livre, j'ai été moi-même géné par son emploi à tout bout de champ des termes unions homosexuelles. Je suis, cependant, allé lire les textes qu'il amène en annexe et là, je reste quand même sur le cul, si vous me passer l'expression. Très bien, Boswell va trop loin en équivalant cela avec des unions homosexuelles alors que l'on a du mal à savoir ce que ces bénédictions recouvraient exactement et que le mot homosexuel n'existait pas, mais :

1 - pourquoi n'y a-t-il pas de débat pour approfondir ce que ces textes recouvrent? pourquoi n'organisons nous pas quelque colloque en invitant des historiens compétents pour en débattre?

2 - cela doit-il pour autant m'empêcher de me sentir concerner par ces textes? est-ce une raison pour empêcher que ces textes me parlent?

Ceci, en tout cas, aucun historien ne vous le reprochera.


Reste à savoir pourquoi Boswell fait un bel anachronisme - et à mon sens, Boswell qui n'est pas un historien né de la dernière pluie, le fait sciemment - en parlant d'unions homosexuelles? Sans prétendre avoir la solution, je rappellerais que, pour autant que je le sache, Boswell était à l'article de la mort, s'il le n'était pas déjà, lorsque son livre est paru. C'est donc un livre dans lequel il jette ses dernières forces. Est-ce dès lors étonnant qu'il provoque dans la formulation? N'est-ce pas aussi partie du métier d'historien que de chercher à susciter le débat?

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