lundi 15 janvier 2007

Les Bienveillantes II ou quel est le seuil du non?

Hier soir lors d'un débat sur Les Bienveillantes, une amie est venue me proposer une interprétation de l'homosexualité du héros/anti-héros du roman qui m'a convaincue: en fait son homosexualité le rend victime potentielle lui-même du régime nazi. C'est donc une manière de nous le présenter comme se situant du côté des victimes et donc digne de notre pitié... Voilà qui me paraît intelligent et vient répondre à ce malaise que je sentais en moi sans parvenir à l'expliquer.En fait ce serait donc avec les vomissements et autres signes de malaise lors des exécutions, une manière de plus de nous le rendre humain et supportable, pire même me dit cette amie, une manière bien subtile de nous dire finalement les nazis aussi sont à plaindre...


Ce que j'ai retiré de ce débat, outre cet aspect qui a vraiment répondu à mes questions sur l'identité du personnage, c'est essentiellement qu'il s'agit plus d'une oeuvre de compilation historique - un tour de force de vulgarisation d'oeuvres somme toute spécialisées - qu'une oeuvre littéraire proprement dite. Beaucoup de travail, certes, mais apparemment beaucoup de copie/collé de fiches également. Même Genet et Houellebec qui dans le genre flot d'horreurs sexo-scatologiques n'ont rien à envier - je ne peux juger je n'ai pas lu - sont aux dires des uns et des autres, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, de vrais auteurs - pour Genet, pas de doute, pour Houellebec cela était plus discuté.
En fait les réactions qui m'ont touchées le plus tournait autour de l'oeuvre littéraire comme apportant une jouissance - fut-ce de transgression - et donc s'interrogeant sur ce livre là: quelle jouissance y trouve-t-on? Et en fait, c'est bien la question. Après un certain nombre de pages, on se dit mais pourquoi je lis cela, cela me fait mal, je dors mal, pourquoi poursuivre cette torture? Suis-je masochiste? Il (le narrateur/héros/anti-héros) essaye de me dire que dans les mêmes circonstances moi aussi j'aurais vécu les choses comme cela, mais non. Je peux dire non.

Cela me rappelle les Milgram experiments, ou justement après la Shoah des chercheurs se sont penchés sur les capacités des gens à transgresser les ordres reçus lors mêmes qu'ils sont immoraux... Quel est le seuil du non? Ce livre aurait-il cette fonction: jusqu'ou va-t-on avant de décidé que l'on n'est pas obligé de le lire?

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