jeudi 15 février 2007

Question d'identité...

Une réponse à un forum:


Pendant longtemps je ne me définissais pas comme homosexuel - j'y voyais une invention médicale stigmatisante plus qu'autre chose - et comme toi je ne m'identifiais pas à la "culture gay". je mettais cependant une limite à cela: la shoah. Je veux dire que j'ai toujours dis aux personnes avec lesquelles j'étais en dialogue dans l'Eglise que je me retrouvais assez dans l'attitude de Bergson qui en 1940 refuse le baptême auquel pourtant toute son intelligence du moment le mène car dit il un silence de plomb est entrain de tomber sur le peuple juif et je ne peux m'en désolidariser...Je veux dire que devant Hitler, peu m'importe les gethos, les milieux, etc, il y a en moi une solidarité de base avec tous ceux qui sont menacés par ce type de racisme qui a envoyé des personnes avec un triangle rose dans les camps simplement parce qu'elles étaient homosexuelles. C'est pourquoi sur mon site il y a ce lien Souviens-toi!

Un des plus beaux mots d'amour que l'on m'a dit et qui m'a libéré sur place, c'est "Mais Lev, je ne suis pas homosexuel, je t'aime, c'est différent". Je veux dire que par la suite je me suis battu pour que faisant une retraite avec mon ami, cette retraite ne soit pas sur le thème de l'homosexualité ou de l'amour homosexuel mais de l'amour, point. J'ai besoin d'apprendre à aimer et l'amour est un, point.

Cependant, les choses ne sont pas si simples. Car il y a en nous aussi des besoins d'identifications: je veux dire que vivant cette amour, je me suis rendu compte que si je n'avais jamais pu lire de romans (depuis je me rattrappe) cela tenaient vraisemblablement à ma difficulté à m'identifier à des héros hétéros qui vécurent longtemps ensemble et eurent de nombreux enfants - je me rappelle par exemple des romans de Claude Michelet dont j'aimais la prose, qui me rappelait mes origines terriennes et qui en même temps m'étaient une blessure, jusqu'à ce que je comprenne que c'était un modèle impossible pour moi et que la tristesse ressentie en lisant venait sans doute de là. C'est ainsi que j'ai perçu l'importance d'une littérature gay ou d'un cinéma gay... il faut des mots pour se construire, il faut des récits... spécialement les jeunes, il faut dessiner un avenir possible... sinon on se suicide..

Enfin, en hébreu on utilise le mot identité mais on utilise aussi le mot appartenance pour désigner ces lieux, ces groupes de solidarité...

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