mercredi 18 juin 2008

Homme et femme il les créa (III) Droit de réponse

Il y a quelques temps, je réagissais ici-même au livre Hommes et femmes il les créa, publié par la peu connue Académie d'Education et d'Etudes Sociales fondée dans les années 1920 et dont le premier président semble avoir été Mgr Baudrillard. Ce livre a été diffusé d'une manière quelque peu cavalière et choquante auprès de proviseurs de lycées. Je m'étonnais de retrouver des noms de gens que j'estime auprès d'autres que je trouve beaucoup moins respectables. Puis quelques temps plus tard, je revenais dans un autre post sur les textes que j'avais lu.


Et voici les miracles d'Internet, l'un de ces auteurs estimés, Marie Balmary, m'a contacté. Voici donc in extenso, la réponse que cette auteure a envoyé à Golias suite à un article de ce journal en date du 3 avril l'interpellant sur le sujet, mais que ce journal, s'il fut prompt à épingler ne semble pas l'être autant pour publier les droits de réponses. Je suis donc heureux de publier ici cette réponse qui vient éclairer pour le moins mes propres interrogations.


Réponse à Golias de Marie Balmary

Merci de ce droit de réponse. Il s'agit d'abord d'un malentendu dont vous n'êtes pas responsable - sinon peut-être, d'avoir lu un peu vite. Vous me reprochez d'avoir "participé à un colloque" avec "la trinité homophobe". Je vous réponds : il ne s'agissait en aucune façon d'un colloque, mais d'une suite de conférences séparées. Je n'ai jamais été "en compagnie" de la trinité dont vous parlez, qui n'a pas assisté à ma propre conférence comme je n'ai pas assisté aux leurs. Répondant à l'invitation de l'Académie des Sciences Sociales sur le thème "Homme et femme il les créa", je voyais l'occasion de leur dire que cette phrase ne figure pas dans le texte hébreu de la Genèse. J'ajoute que cette académie venait de décerner leur prix annuel à mon dernier livre, Le moine et la psychanalyste. Je pouvais penser que nous n'étions pas trop loin… J'ai donc été moi-même très désagréablement surprise d'apprendre – par des medias - que cette conférence que j'avais faite seule plus d'un an auparavant, venait d'être publiée avec d'autres conférences dont je ne pouvais connaître le contenu lors de la mienne, ayant fait la première. Ces diverses communications avaient été imprimées séparément tout au long de l'année. Dans mon esprit, elles n'étaient nullement destinées à être publiées ensemble. Si j'avais pensé à une "mise en livre", j'aurais refusé d'y figurer : je ne partage ni les idées ni le ton de certains de ceux qui sont intervenus ensuite. Seulement, je n'ai pas été assez attentive : chaque conférence imprimée portait en petits caractères la mention "La présente conférence sera publiée dans le volume des annales de l'A.E.S. …" L'académie est donc dans son droit. Cependant, aucune lettre personnelle, ni téléphone, ne m'a prévenue de la parution de ce volume. Celui qui m'a été adressé semble s'être perdu. Voilà pour les circonstances. Deux reproches de fond dans cette polémique auxquels je veux répondre. Un mot sur le premier reproche (des proviseurs en colère) que vous n'avez pas repris : revenir à la Bible, c'est être créationiste. - Non, pas pour moi, depuis que j'ai vu, avec d'autres chercheurs, que la Bible elle-même, dans son texte original, n'est pas créationiste ("Dieu n'a pas créé l'homme", ai-je mis en sous-titre de La divine origine.) En ce qui concerne l'homophobie, l'auteur de l'article paru dans Golias m'a peut-être lue un peu vite. Je ne crois avoir nulle part "condamné" l'homoparentalité. Cherchant à comprendre les enjeux de la différence des sexes, je dis qu'à mon sens, c'est une bonne affaire pour les enfants, que "cette irréductible différence empêche chaque parent de devenir pour l'enfant un parent qui sait tout". Vous approuvez ce propos, mais ensuite vous y voyez une condamnation de l'homoparentalité. Vous trouvez mon "argumentation déficiente". Vous avez raison, car ce n'est pas une argumentation. Je ne milite pas, je cherche. Si ma réflexion ne va pas dans le sens de l'homoparentalité parce que je vois des avantages importants à la différence des parents, c'est une réflexion - utile, j'espère, à porter au dossier. Et, j'espère aussi, pas une condamnation qui blesse et ne fait pas avancer l'intelligence de notre difficile condition humaine.Nous n'avons pas à utiliser la psychanalyse pour redonner force aux emprises moralisantes, j'en suis bien d'accord avec vous. Mais la peur de moraliser ne doit pas non plus nous empêcher de chercher, de penser et de parler. Nous sommes devant les bonheurs et les malheurs, en tout cas devant les mystères de la différence des sexes. Que comprenons-nous à tout cela ? Orientations sexuelles - et aussi désorientations, le mot n'est pas à la mode, n'est-ce pas ? Il rend pourtant compte de souffrances. La peur de moraliser doit-elle nous empêcher de constater, dans notre pratique clinique, que certains interdits sexuels, l'inceste par exemple, sont indispensables à l'éveil de la conscience – tandis que d'autres interdits sont destructeurs - et de chercher à distinguer les uns des autres ?Condamnez-nous si nous condamnons, mais aidez-nous à demeurer des chercheurs, des gens qui osent, sans jugement, mettre à l'épreuve de la pensée, toute pensée, même si elle n'est pas à la mode du temps. Marie Balmary

Pour rappel, la conférence de Marie Balmary est disponible sur le site de la fameuse Académie. Seul le début de l'article de Golias du 3 avril est, hélas, accessible gratuitement en ligne.

1 commentaire:

mum a dit…

je cherchais sur le net si m;balmary avait publié ( ses livres m'ont aidée à me construire)et de recherche en recherche je vous ai trouvé, puis poussée à lire sa conférence "h et f il les crea" ha! ha!ha après l'avoir lue... j'ai lu sa réponse et voilà
je viens de passer 2h( que j'aurais pu consacrer au repassage ,à la cuisine ou à papoter)à délicieusement sentir qu'il me restait qq neurones, mm au lendemain des européennes!
alors merci à vous et merci à elle!!!
en plus je viens de créer un compte google, rien que pour vous dire merci pour cette stimulante soirée!!